
Situé à 3500 mètres de profondeur, c’est un volcan qui est à l’origine des séismes qui frappent Mayotte depuis le 10 mai 2018.
Depuis mai 2018, plusieurs centaines de séismes se sont produits à Mayotte :.une activité sismique soutenue que les sismologues ont appelé un « essaim de séismes ». Alors que l’activité se poursuit, de nombreux scientifiques se sont mobilisés pour comprendre les causes de ce phénomène.
Grâce à l’expertise et le savoir-faire de TERIA et de ses partenaires, l’origine a pu enfin être confirmée : un volcan sous-marin qui vient de se former à 50 km de Mayotte.
La naissance d'un nouveau volcan
« TERIA au cœur de la mesure des mouvements sismiques »
Une mission scientifique du CNRS a permis de mettre en exergue la naissance d’un nouveau volcan sous-marin. Un phénomène déjà alerté par le biais du projet de coordination géodésique de l’IGN dont TERIA est partenaire. Ces observations ont conduit les géophysiciens à formuler dès novembre 2018, l’hypothèse d’une origine volcanique. Ce jeune volcan se trouve à 50 km à l’est de Mayotte et à 3.500 m de profondeur.
Lors d’une conférence de presse à Mamoudzou, Nathalie Feuillet, physicienne de l’Institut de physique du globe de Paris (IPGB) a indiqué que ce volcan était récent. Un constat effectué, la veille, à l’issue d’une mission en mer mobilisant une vingtaine de scientifiques.
Selon le communiqué des ministères des Outre-mer, de la Transition écologique, de l’Intérieur et de la Recherche, ce volcan est un « phénomène géologique exceptionnel ». Sa taille est « évaluée à 800 mètres de hauteur avec une base de 4 à 5 km de diamètre. Le panache de fluides volcaniques de 2 km de hauteur n’atteint pas la surface de l’eau.
D’après Nathalie Feuillet, « le volcan a grandi depuis que l’essaim de séismes a débuté »,.mais il faudra attendre de nouveaux relevés pour savoir si cette croissance continue.


L'affaissement et le déplacement de Mayotte
Mayotte s'est affaissée de 13 cm et s'est déplacée vers l'Est d'environ 10 cm
En octobre 2018, des observations géodésiques avaient été effectuées grâce aux 4 stations du RGP (dont deux stations TERIA) implantées sur l’île. Elles avaient permis de mettre en évidence un déplacement important de Mayotte depuis juillet 2018 :.de l’ordre de 1,5 cm/mois vers l’est et de 1,2 cm/mois en vertical.
D’après Nathalie Feuillet, l’affaissement s’est fait «à des taux assez rapides» et se poursuit. C’est «la vidange d’un réservoir d’une poche de magma profonde» qui pourrait être en cause. Ce constat intervient à la suite d’une mission scientifique menée par le Comité national de la recherche scientifique (CNRS), avec notamment le BRGM et l’IPGP, et une expédition océanographique réalisée par le navire Marion Dufresne.
D’autres acteurs ont participé comme l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), l’université de la Réunion, l’Institut de physique du globe de Strasbourg (IPGS), l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN), l’École normale supérieure (ENS), le Centre nationale d’études spatiales (CNES) et le Service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM).


« Les scientifiques sont mobilisés pour traiter, analyser et interpréter la multitude de données acquises durant ces derniers mois. Cette exploitation nécessitera des travaux approfondis. pour évaluer les risques induits pour Mayotte en matière de risque sismique, risque volcanique et de tsunami.», ont ajouté les ministères.
Face à un phénomène « nouveau sur la zone océan Indien »,.« l’objectif du gouvernement, c’est de continuer les recherches », a déclaré le préfet de Mayotte, Dominique Sorain. « Ça va nécessiter de travailler sur ces données, ça va prendre un peu de temps », a t-il ajouté, souhaitant « une meilleure connaissance du phénomène (…) pour adapter les réponses en termes de sécurité » et « informer et rassurer la population ».
Source : AFP, publié le jeudi 16 mai 2019